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ARTICLE TECHNIQUE

L'HISTOIRE DU DISQUE

PARTIE I : LES DEBUTS DE LA REPRODUCTION DU SON : LE DISQUE ANALOGIQUE
PARTIE II : LES SUPPORTS OPTIQUES : LE VIDEODISQUE A LECTURE OPTIQUE,
>LE COMPACT DISC AUDIO NUMERIQUE.

PARTIE II : LES SUPPORTS OPTIQUES.

1982 LE COMPACT DISC AUDIO NUMERIQUE

Fig 1: Les deux formats du CD-Audio (de gauche à droite) : le CD-Single ou 2 titres de 8cm et le CD-Audio classique de 12 cm.

Le CD-AUDIO ou disque compact audio-numérique à lecture par laser est sans nul doute le produit de l'électronique grand public le plus fabuleux de cette fin de siècle. Ecrasant le disque microsillon qu'il a maintenant relégué aux puces ou chez les nostalgiques d'une restitution sonore révolue. Mais, ce succès mérité est le fruit de nombreuses années de recherche sur le disque optique dont le CD-AUDIO n'est qu'une des multiples applications actuelles ou futures.
Le lancement du CD sur le marché se déroula fin 1982. Auparavant, en 1980,PHILIPS et SONY signent un accord croisé de licences pour standardiser le disque compact. Le produit est au point et mesure à cette époque 11 cm. L'anecdote veut que le diamètre du disque optique passe à 12 cm pour satisfaire Mme MORITA, l'épouse du président de la société SONY,qui est passionnée de musique classique et souhaite pouvoir enregistrer la 9éme symphonie de Beethoven sur une seule face du disque.
1983 marque l'année du grand départ du CD-audio; en 12 mois, la production s'étend à la plupart des pays industrialisés du globe.
Mais, ce succès réside dans l'avancée technologique accomplie. En effet, le disque compact a hérite du vidéodisque LASERVISION CLV l'essentiel de ses caractéristiques mécaniques et optiques : une spirale au pas extrêmement étroit de 1,6 micromètres, la lecture par réflexion au travers du substrat, la vitesse linéaire constante (CLV), la lecture de la spirale du centre vers la périphérie.

Fig 2 : Surface d'un CD-Audio observée au microscope électronique, l'écart entre deux sillons (track pitch) est de 1.6 micromètres ( A ) .

Comparaison du CD Audionumérique et du disque Vinyle analogique.

Cette technologie empruntée au vidéodisque à lecture optique va permettre de révolutionner la restitution d'une œuvre sonore qui était auparavant loin d'être parfaite avec le disque vinyle (son certes chaleureux mais peu défini et craquements intempestifs à l'écoute).
En effet, les disques PVC (Poly Chlorure de Vinyle) utilisés depuis 1947, permettait la restitution du son par l'intermédiaire d'une lecture par contact d'un sillon spirale qui était gravé sur le disque. Ce sillon en V possède des flancs formant un angle de 45 degrés avec la surface du disque mais qui sont perpendiculaires l'un a l'autre. Il peut y avoir jusqu'à 140 sillons par centimètre, ce nombre variant selon la puissance de l'enregistrement. Ainsi, un morceau joué avec force nécessite davantage d'espace car le stylet d'enregistrement vibre plus et grave des sillons en moins grand nombre mais plus larges. L'information sonore est gravée en stéréo sur les deux flancs du sillon de manière analogique : les vibrations sonores, converties en signaux électriques d'intensité faible et variable, sont reproduites par un stylet qui vibre et grave un sillon qui décrit une spirale du bord vers le centre de la surface d'enregistrement. A la lecture, le phénomène inverse se produit : une pointe de lecture, appelée communément saphir ou diamant, va ainsi vibrer en suivant le sillon au gré des variations de ses flancs et induire un signal électrique analogue permettant d'alimenter les haut-parleurs et de restituer les vibrations sonores initiales. Mais cette technique de lecture par contact endommage le disque à chaque passage provoquant dans les cas extrêmes rayures et autres cassures irréparables. Ainsi cette méthode de restitution sonore entraîne une usure prématurée du support et n'apporte pas une fidélité absolue du message sonore.

La lecture à faisceau laser réfléchi sur la surface du disque optique va se faire sans contact mécanique d'où plus d'usure du support. La surface d'un CD-AUDIO se compose de microcuvettes alignées le long d'une spirale atteignant près de 5 kilomètres de long. La distribution des microcuvettes est asservie à une fréquence d'horloge qui rythme la succession des bits (0 ou 1) porteurs de l'information numérique enregistrée. Tenant compte du fait que le signal détecté est significatif, non de la présence d'une microcuvette, mais de la diffraction de la lumière réfléchie par le passage d'un flanc sous le pinceau, les ingénieurs de Philips ont été conduits à n'accorder de signification numérique qu'à ces seules transitions. Ainsi, c'est le flanc des microcuvettes, et par suite la dérivée du relief de surface, qui est significative du digit "1", tandis que les autres éléments de la surface gravée sont significatifs du digit "0". Lorsque le disque tourne, le rayon laser qui balaie les creux et les pleins, transmet ces variations d'intensité à une photodiode recréant un signal binaire qui va être décodé puis converti en un signal électrique analogique.

Fig 3 : Structure du Compact Disc a) section du CD le long d'une piste b) signification du signal décodé.

En effet, sur ce support, l'onde sonore convertie en un signal électrique analogique va être numériser. Une première étape consiste à échantillonner ce signal 44100 fois par seconde; c'est à dire à mesurer et coder la valeur de l'intensité du signal en mots de 16 bits (de 0 a 65536). Ce signal ainsi codé se résume en une série de 0 et de 1 .Lors de la codification du signal ,un code autocorrecteur est ajouté au signal pour éviter tout défaut du débit numérique. Il est basé sur l'utilisation de deux codes de Reed-Solomon entrelacés croisés (CIRC) dont l'effet est de répartir sur une plus grande longueur de la spirale les différents octets (1 octet= 8,bits ) d'un même mot. Ainsi, il est possible de corriger parfaitement une erreur allant jusqu'à 3500 bits, soit une longueur de piste d'environ 2,4 millimètres; au-delà, c'est par interpolation que l'on parvient à compenser, sans effet acoustique sensible, des pertes allant jusqu'à 12000 bits, soit une longueur de piste de 8,5 millimètres. Cette sécurité permet une restitution parfaite du message sonore après décodage par un convertisseur numérique/analogique alimenté par le flot de données (1,5 mégabits/seconde) délivrée par la photodiode. Cette technique montre la robustesse du numérique face à l'analogique; le son convertit en nombres peut être traité, et conduit à un son parfait exempt de parasites et autres bruits de fond rencontrés dans un signal analogique. Le CD-AUDIO est gravé sur une face permettant au mélomane une écoute maximale de 74 minutes (le 33 tours 1/3 ne permettait que 20 minutes par face soit 40 minutes par disque). Enfin, de par sa lecture laser, l'accès à une zone du disque est quasi-instantané et sa lecture sécurisée par différents asservissements du bloc optique portant la diode laser.

Cet aperçu technique montre la supériorité du CD face au disque microsillon et explique l'engouement pour ce support de la part du grand public. Aujourd'hui l'on peut considérer le CD-AUDIO comme la référence pour l'audio avec une durée de vie du support estimé à 100 ans en utilisation normale, 10000 ans pour le disque ayant servi à presser les copies (master).
Cette suprématie ne sera remise en compte que par l'arrivée d'un support audio-numérique réinscriptible permettant à qualité égale l'enregistrement et la lecture sans perte mesurable ou, possédant une reproduction encore plus fine du signal sonore (échantillonnage plus élevé, ambiophonie multi-canaux,etc...). Mais pour ne pas provoquer un effondrement du marché, la compatibilité avec le standard actuel sera de rigueur pour une évolution progressive. La technique numérique et la lecture laser va ainsi évoluer et se développer dans le but de combler les amateurs et les "dévoreurs" de musiques que nous sommes.

2000 Le DVD Audio (Digital Versatile Disc Audio) et le SACD (Super Audio Compact Disc) : ces deux disques optiques vont progressivement concurrencer et remplacer le CD Audio, maître absolu de l'audio grand public depuis 20 ans. Un article technique sur ces futurs supports haute définition sera en ligne prochainement...

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